La femme indépendante. Simone de Beauvoir.

Il y a 70 ans mois pour mois, les éditions Gallimard publiées le premier tome du Deuxième sexe.

En 2008, en sont tirés des extraits paru dans l’ouvrage La femme indépendante ; dans ce Folio, présenté par Martine Reid, sont retranscrits : l’introduction ainsi que le chapitre IV du premier volume, et les dernières pages du second volume.

La femme indépendante est un bon préambule, me semble-t-il, au célèbre essai de Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe.

J’ai réellement découvert la pensée de l’écrivaine au sujet des femmes et de leur place dans la société. Une société qui a bien évolué depuis la fin des années 1940 : instruction mixte, loi relative à l’interruption volontaire de grossesse, etc. Alors, le discours de Simone de Beauvoir est, par certains aspects, désuet ; malheureusement, sur d’autres, il est (toujours) d’actualité.

Elle ne ménage ni les hommes, ni les femmes.

Pour faire de grandes choses, ce qui manque essentiellement à la femme d’aujourd’hui, c’est l’oubli de soi : mais pour s’oublier il faut d’abord être solidement assuré qu’on s’est d’ores et déjà trouvé. Nouvelle venue au monde des hommes, piètrement soutenue par eux, la femme est encore trop occupée à se chercher.

(p. 76)

Elle nous pousse, nous, les femmes, à nous surpasser, à oser et à dépasser l’image que l’on nous donne, et bien sûr à nous oublier.

Le plus beau, à mes yeux, est à la fin, dans les pages de la conclusion :

Dans les deux sexes se joue le même drame de la chair et de l’esprit, de la finitude et de la transcendance ; les deux sont rongés par le temps, guettés par la mort, ils ont un même essentiel besoin de l’autre ; et ils peuvent tirer de leur liberté la même gloire ; s’ils savaient la goûter, ils ne seraient plus tentés de se disputer de fallacieux privilèges ; et la fraternité pourrait alors naître entre eux.

(p. 112)

Et…

Affranchir la femme, c’est refuser de l’enfermer dans les rapports qu’elle soutient avec l’homme, mais non les nier ; qu’elle se pose pour soi elle n’en continuera pas moins à exister aussi pour lui : se reconnaissant mutuellement comme sujet chacun demeurera cependant pour l’autre un autre ; la réciprocité de leurs relations ne supprimera pas les miracles qu’engendre la division des êtres humains en deux catégories séparées : le désir, la possession, l’amour , le rêve, l’aventure ; et les mots qui nous émeuvent : donner, conquérir, s’unir, garderont leur sens ; c’est au contraire quand sera aboli l’esclavage d’une moitié de l’humanité et tout le système d’hypocrisie qu’il implique que la « section » de l’humanité révèlera son authentique signification et que le couple humain trouvera sa vraie figure.

(p. 115 et 116)

Belle ouverture au Deuxième sexe que je lirais bien.

La femme indépendante
Collection Folio 2 € (n° 4669), Série Femmes de lettres, Gallimard. 2008.
144 pages.